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Lucky, le chien qui n'aimait pas les vétérinaires...


Contexte


Lucky est un mâle de 6 ans. C'est un chien au grand cœur qui a été adopté par une famille aimante mais qui malheureusement a été vite dépassée. Elle n'a pas su lui apporter suffisamment de sécurité pour créer une relation de confiance.


Lucky a eu 3 expériences vétérinaires. La première lorsqu'il était chiot (vaccins, papiers, bilan). La seconde lorsqu'un épillet est venu se loger dans sa patte arrière droite. La troisième, pour une consultation osthéopathique. Pour le reste des soins annuels (rappel de vaccins...) sa famille a toujours usé d'astuces pour éviter d'aller consulter (comme s'entourer de vétos qui acceptaient de vacciner à la maison au milieu d'une partie de papouillades).


Le déclenchement


La réactivité de Lucky aux soins s'est déclenchée lors de sa 2ème expérience chez le vétérinaire. La véto bien que sympathique et, à priori performante en technique vétérinaire, avait quelques lacunes "éthologiques" (lecture et appréhension du chien) et "relationnelle" (lecture et appréhension du maître). Sans oublier les maîtres "défaillants" (qui aimaient beaucoup leur chien mais n'avaient aucune connaissance en matière d'éducation canine) qui accompagnaient Lucky ce jour là.

Lucky manifestait un stress évident par un comportement très énergique (mouvements rapides et brusques, halètement vif, regards en coin, incapacité à se poser...) et une douleur évidente (il retirait sa patte en gémissant/grognant à chaque contact).


Il n'était jamais retourné chez le vétérinaire depuis ses 4 mois. Tout était donc très nouveau. Notons que les cabinets vétérinaires, sont envahis d'hormones de stress, envoyé par les chiens précédents lors de leur venue. Ajoutons aussi, que les maîtres, dépassés par le comportement de leur chien, n'ont apporté aucune pistes d'apaisement à Lucky. Le contexte était donc particulièrement anxiogène.


La vétérinaire a demandé au maître de faire monter Lucky sur la table, de le faire coucher d'abord en sphinx, puis de tout son long sur le côté. Lucky stressé et blessé, a résisté. A la première manipulation, nouvelle résistance. Il a tenté de se relever. Immobilisé de force, il a alors grogné, puis montré les dents, puis tenté de mordre. Le maître et la vétérinaire désorientés, ont tenté le réconfort, la sanction, l'autorité... pour finir par bloquer le chien sur la table en l'empêchant de bouger.


C'était fini. Plus jamais Lucky ne se laisserait soigner. Dès ce jour, l'odeur même de la Bétadine ou le bruit d'un ciseaux, seront les déclencheurs d'une agressivité notable.


L'explication


Pour comprendre, tentons de nous mettre dans la tête du chien. Que s'est-il passé ? Probablement un truc du genre : "Je suis stressé. Je suis seul. Je ne sais pas comment réagir. Je suis en danger. J'ai peur. J'ai mal. Je ne peux pas fuir. Mon maître me met en danger. Le vétérinaire me met en danger. Ils sont la cause de la douleur que je ressens. Je ne peux pas m'enfuir. Je suis démuni car je ne peux pas non plus me défendre. La prochaine fois que j'aurais mal quelques part, on ne m'y reprendra pas, je ne les laisserais plus jamais s'approcher de la douleur. C'est trop dangereux."


Les conséquences


Suite à cette dernière expérience de soin traumatisante, Lucky est devenu un chien très difficile à soigner. A ce jour, l'odeur de la bétadine déclenche une violente réaction de stress : il se tend, montre les dents, grogne, cherche à fuir. La moindre tentative de contrainte pour le soigner peut déclencher un coup de dent.


Les conséquences d'une telle situation sont assez graves. D'une part car il est désormais très difficile de soigner Lucky et d'autre part car la confiance avec son maître est rompue. Or si la question des soins se pose (au mieux) 1 à 2 fois par an, celle de la confiance est omniprésente dans chacune des interactions du chien avec son maître et le monde extérieur.


Comment éviter de telles situations ?


Travailler sur le maître et sa relation avec son chien.

Adopter un chien n'est pas un acte anodin. C'est un être vivant complexe. Il a des besoins spécifiques. Il a une communication spécifique. Un maître se doit de connaître ses besoins (pour y répondre) et de comprendre son langage (pour le lire, communiquer et lui offrir en environnement de vie adapté). Tous ces éléments sont indissociables de la relation de confiance que le maître doit créer avec son chien. Un travail, dès l'arrivée du chiot dans la famille, aurait permis au maître de construire cette lecture et la relation de confiance avec le maître.


Ici clairement le maître n'a pas su lire son chien et agir en conséquence. En dépit d'une relation sécuritaire pour le chien (induite par une bonne lecture de son maître et une bonne réponse de ce dernier aux différents comportements du chien), le propriétaire aurait pu demander une anesthésie par exemple. Suite à quoi, il aurait pu, par exemple, enclencher un travail de désensibilisation autour des soins avec un éducateur canin.


Travailler auprès du corps vétérinaire

La plupart des vétérinaires ont une lecture du comportement défaillante. C'est sûrement dû à un manque de formation mais aussi à un manque de temps. Les rdv s'enchaînent. Il est difficile de prendre le temps de s'adapter au rythme de chaque chien qu'ils rencontrent.


Ici par exemple, la vétérinaire n'a pas su lire les signaux envoyés par le chien qui auraient dû l'alerter sur l'état de stress de Lucky. Elle avait aussi clairement peur de ses réactions. C'est compréhensible, mais elle n'aurait cependant pas dû le montrer. Au lieu de ça, peut-être aurait-elle dû aussi refuser de soigner Lucky sans anesthésie afin éviter d'augmenter le traumatisme et exiger que ce dernier porte la muselière lors de prochains rendez-vous.


Travailler auprès des éleveurs

La famille dans laquelle Lucky est né n'a pas su préparer correctement la famille adoptante. Elle n'a pas présenté les spécificité de cette race. Elle n'a pas sélectionné le chiot. Elle n'a pas sélectionné la famille. Elle n'a probablement pas encouragé les adoptants à faire de l'éducation canine.


La rééducation de Lucky


Le travail de rééducation de Lucky va consister à travailler sur la relation avec son maître. Travailler sur le maître pour qu'il puisse être une figure de confiance et de sécurité pour Lucky. En parallèle, il faudra enclencher un travail de désensibilisation progressif aux manipulations de soin et tout ce qui va avec. Idéalement, il faudra trouver un cabinet vétérinaire qui accepte de faire venir Lucky seulement pour travailler à une désensibilisation afin de transformer l’association "vétérinaire = douleur/stress/danger". Il s'agira de travailler de paire et à long terme avec un vétérinaire pour désamorcer le cycle d'angoisse dans lequel Lucky se trouve en ce qui concerne les soin. Enfin Lucky devra apprendre le port de la muselière pour permettre d'aller au vétérinaire en étant sûrs qu'il ne blesse personne (cela permettra notamment au vétérinaire de ne pas craindre d'être mordu et d'être alors plus serein.)



NB : chaque chien, chaque maître, chaque situation est différente. Il n'y a pas de réponse pré-établie. Ce qui va fonctionner pour le cas de Lucky sera inadapté pour un chien qui présente les même "symptômes comportementaux". Le programme fabriqué pour Lucky peut aussi évoluer avec les temps. Il s'agira de s'adapter aux réactions de Lucky pour travailler dans le bon sens.





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